NEXUS 2.0 REFLEXION SUR L’OBSOLESCENCE DE NOS SYSTEMES
Depuis la découverte du feu jusqu’à l’essor des intelligences artificielles, l’humanité a évolué par un processus fondamental :
l’observation et l’imitation. Cette capacité à comprendre et reproduire les phénomènes a permis la construction de sociétés complexes, mais a aussi renforcé une perception binaire de la réalité, où le réel, incertain et ambigu, se voit objectivé et réduit à des conceptions collectives souvent matérielles. L’esprit humain tend naturellement à simplifier la complexité environnante pour mieux la comprendre, bien que le monde lui-même demeure un réseau chaotique et insaisissable.
Paradoxalement, malgré cette simplification, l’humanité a élaboré des paradigmes successifs, solides et durables, permettant de naviguer à travers des liens et des courants invisibles qui nous entourent. Cet empilement d’idées et de connaissances converge en un point unique où se rencontrent et se transforment nos perspectives : le Nexus.
Pour cette exposition, restitution d’une résidence artistique et d’un cycle de recherche de trois ans, l’artiste Mehdi Hachid prend le contre-courant du scientifique, qui construit avec rigueur et précision, afin de naviguer dans l’imprévu et l’ambiguïté pour saisir la complexité de différents aspects de l’existence. En déconstruisant plusieurs conceptions « prêtes à penser », simplifiées et acceptées comme réalité immuable, l’artiste devient un catalyseur qui propose une traversée des labyrinthes de la réalité et tente ainsi de réinterpréter l’intrication du monde.
Avec une démarche artistique résolument ancrée dans une vision holistique, Mehdi Hachid a pensé Nexus 2.0 comme un parcours de recherche, un cheminement à travers divers concepts.
Nexus 2.0 s’expose dans deux espaces qui se répondent. La pensée systémique est de rigueur pour comprendre ce qui lie les différents éléments et actions. Le Nexus matérialisé est la pièce principale de cette exposition.
Présentée comme installation volumétrique par Mehdi Hachid, cette œuvre interroge notre rôle dans ces réseaux entrelacés, notre impact sur eux et la manière dont ils nous façonnent en retour. Elle réveille en nous l’appel de Teilhard de Chardin : « La Réflexion, ainsi que le mot l’indique, est le pouvoir acquis par une conscience de se replier sur soi et de prendre possession d’elle-même comme d’un objet doué de sa consistance et de sa valeur particulières : non plus seulement connaître, mais se connaître ; non plus seulement savoir, mais savoir que l’on sait. »
Enfin, le film qui accompagne l’œuvre principale est un récit cinématographique expérimental qui retrace l’Histoire de l’humanité à travers des phénomènes optiques et psychoacoustiques. Détournant les codes narratifs classiques, il transporte le spectateur dans des dimensions sensorielles inhabituelles, invitant à une lecture plus sensible de l’œuvre.
Auto-similarité et post-nature
auto-similaires : ces formes conservent toujours le même aspect, peu importe l’échelle d’observation. Pourtant, le théorème des valeurs intermédiaires affirme l’existence d’un unique réel, révélant une tension entre cette répétition infinie et l’idée d’une réalité unique.
Le postnaturalisme repense notre lien avec le monde, dépassant l’opposition entre nature et culture. Ce concept reconnaît que l’environnement est un réseau d’interdépendances entre humains et non-humains, où notre impact est direct mais souvent fragile.
Avec l’aide des technologies, il permet de redonner voix aux espèces disparues, nous poussant à réfléchir sur notre responsabilité dans la transformation de notre planète.L’unicité du réel peut être remise en question en observant les objets
Sculpture impression 3D - Résine Polymérisé
Topographie Constantine
Photographie : 213/90 cm papier aquarelle
Photographie : 100/100 cm papier aquarelle
Nature - Culture
La culture peut engendrer des déséquilibres et des conflits. Comment peut-on effacer la frontière entre nature et culture tout en préservant les aspects bénéfiques pour l’humanité ?
Quels éléments de notre héritage culturel pourraient nuire à notre écosystème, et comment pourrions-nous les identifier ?
Cette réflexion soulève des questions sur la manière dont nos pratiques culturelles s’intègrent dans le monde naturel et sur la possibilité d’une coexistence durable et respectueuse.
Sculpture : Superposition sur plaques de verre
Bijoux berbére 1978
Collection privé HACHID
Installation : Dispositif d’archive
Collection privé HACHID
Photomontage : 230/70 cm - Papier aquarelle
« Paradigme » est une œuvre construite comme un vaste collage de photos issues du domaine public. Avec cette pièce, Mehdi Hachid interroge la nature même de nos représentations et systèmes.
Par l’assemblage de ces images libres de droits, elle nous pousse à réfléchir sur la fragilité de nos cadres de pensée et leur obsolescence face aux défis actuels. En superposant des fragments de notre histoire collective, l’œuvre souligne l’idée que tout n’est qu’une conception mentale, une interprétation de l’univers que nous partageons dans une intersubjectivité – un miroir des réflexions de Descartes, Platon et du mythe de la caverne revisité.
Le spectateur, en décomposant le parcours visuel de l’exposition, est invité à déconstruire les processus mentaux qui façonnent notre compréhension de la réalité et à questionner le cheminement de la pensée humaine. Cette œuvre suggère ainsi, sans imposer, l’urgence d’un nouveau regard, un changement de paradigmes pour bâtir un monde plus résilient et équilibré.
ECHO - Photographie : 230/00 cm - Papier aquarelle
Dans son installation « Echo », Mehdi Hachid expose une photographie prise lors d’une manifestation du Hirak, tirée en négatif et éclairée à travers un bac d’eau vibrant.
Cette œuvre illustre l’étrange similarité entre la mécanique des fluides et la nature du mouvement des foules, et cherche à visualiser la dualité inhérente à ces regroupements humains. Telle une vague à la surface d’un fleuve, la foule peut paraître imprévisible et chaotique, animée par des émotions fluctuantes et des idées passagères.
Cependant, malgré sa suggestibilité et son absence d’esprit critique, la foule répond à des idées fondamentales, comparables au courant profond d’un fleuve, qui façonnent durablement les convictions et les actions des individus en groupe.
La photographie, figée dans son cadre, rappelle la persistance de ces convictions profondes, tandis que l’eau en mouvement, malgré son agitation incessante, reste contenue dans son bac, évoquant les limites imposées par la race, les traditions et l’histoire.